So many Calloways, but there’s only one Cab!

Cab Calloway ! Avec un nom pareil qui semble rebondir d'une syllabe à l'autre et une personnalité scénique exubérante aux nombreux succès, on peut être sûr que l'on va attirer les convoitises. Eh bien, cela a commencé très tôt et l'appellation "Cab Calloway" est devenue signe de réussite au point que de nombreux artistes (et surtout producteurs peu scrupuleux) ont tiré la ficelle au maximum pour attirer à eux un public un peu gogo.
Alors commençons notre petit jeu "Dans la famille Calloway, je voudrais Blanche, Elmer, Jean, Tiny et les autres"...


D'abord la famille Calloway !

Blanche CallowayBlanche...
C'est vrai, elle était AVANT Cab et le petit frère lui doit certainement beaucoup (les paroles de Minnie The Moocher, le Hi de ho, la prestance scénique...). Mais dès lors que le frérot eut un beau succès, Blanche et ses producteurs (ou les directeurs des salles dans lesquelles elle passait) misèrent tout sur les liens familiaux avec la grande vedette qu'était Cab.
D'ailleurs, dès 1930, c'est Blanche qui accompagne son frère pendant 6 mois sur scène. Lorsque la grande soeur a son propre orchestre, elle passe dans de nombreuses salles et est parmi les artistes féminines les plus populaires de son temps.
Dans la concurrence que se livraient les salles pour avoir les grandes vedettes, celle entre le Lafayette Theatre de Harlem et l'Apollo Theatre était des plus vives. En 1931, le propriétaire du Lafayette fit monter les enchères et obtint Cab. L'Apollo dut se "contenter" de Blanche mais toute la publicité sur les affiches montrait le nom Calloway avec un "Blanche" à peine lisible ! (voir également la photo ci-dessous).
De son côté, la fortune ne sourit pas à Blanche qui dut se déclarer en faillite en 1938. Entretemps, elle avait tout de même connut de belles heures de gloire. Parmi les anecdotes, signalons tout de même le lancement en 1952 d'un chewing-gum par Blanche Calloway au nom subtilement évocateur : "Hi de Ho"...

Voiture publicitaire pour Blanche Calloway,
où l'on constate comme sur l'Apollo que "Blanche" est à peine lisible...


Elmer CallowayElmer...
Le sujet a déjà été longuement abordé dans un article consacré au petit frère de Cab. On ne sait pas grand chose sur lui, mais son orchestre de Washington connut un bon succès d'estime locale, d'autant plus qu'il portait le nom Calloway.
Il y avait certes quelques bons musiciens dans l'orchestre mais la réputation n'a jamais vraiment dépassé la capitale.
Je vous conseille de lire l'anecdote savoureuse à propos du bête incident qui empêcha Elmer de jouer au Savoy Ballroom de Harlem et qui fut alors remplacé par son illustre frangin.
La presse d'ailleurs se moquait un peu de leurs relations et rapporta même que Cab était prêt à payer pour qu'Elmer reprenne ses études ! Ce qu'il fit puisqu'il quitta définitivement le monde de la musique en 1935 et devint professeur dans un lycée technique.
Aux dires de la famille, les deux frères semblaient, si ce n'est fâchés, du moins très distants.


Deux faux-frères (sœurs, en fait)

Jean Calloway, fake sister of Cab calloway, 1932 adJean...
L' "autre sœur" de Cab. Splendide Jean Calloway ! Elle se produisait en tant que sœur du grand Calloway mais n'avait strictement AUCUN lien familial avec lui. Elle connut un certain succès un peu partout dans les USA entre 1932 et 1935. De sa baguette, elle mena le Fess Whatley Orchestra et les Yellowjackets d'Alabama. Elle enregistra sur Victor 2 faces aux titres évocateurs : Sadie the Shaker et There ought to be a law against it. Elle comptait tout de même dans ses musiciens l'ancien pianiste de Cab, Earres PRINCE (voir notre biographie complète à son sujet) qui avait été viré de l'orchestre du maître pour faire place à Benny Payne. Il semblerait qu'en 1935 lors d'une tournée, elle ait eu dans sa troupe le quartet de chanteurs de The 4 Dots (les futurs Red Caps) et qu'elle leur conseilla de changer de nom pour quelque chose de plus vendeur, The Basin Street Boys (vus dans le film The Bronze Venus, avec Lena Horne).


Harriet Calloway,  "The Queen of Hi de Ho"
Harriet était une autre "sœur" de Cab dont les producteurs avaient le secret...
En 1934, en pleine gloire de son "frère", elle se produit avec le titre de Reine du Hi de Ho avec la "Cotton Club Revue" et la Pittsburgh Gazette pourtant habituée à voir passer le vrai Cab dans les parages ne remet aucunement en cause les affirmations comme quoi elle est bien la soeur du fameux Cab : "She leads her own band along the lines of the techniques of Cab" (dans The Pittsburgh Gazette, 12 décembre 1934).
En revanche, le Baltimore Afro American du 12 mai de la même année explique qu'elle n'a pas de lien avec Cab. On la trouve même dans une publicité pour une crème blanchissante. Digne, non ?
Quoi qu'il en soit, l'orchestre de Harriet Calloway eut une durée de vie limitée et semble s'être arrêtée en septembre 1935 après une tournée dans le Middle-West (il semblerait tout de même que le trompettiste Howard McGhee ait joué dans ce groupe).

Les travaux d'Alyn SHIPTON sur Cab Calloway laissent apparaître qu'en fait, Harriett et Jean Calloway n'étaient qu'une seule et même personne, même je ne peux vous en révéler plus pour le moment*.

J'ai par ailleurs la trace d'une Gertrude Calloway qui, en novembre 1935, venait de se produire à Houston, Texas (Baltimore Afro American, du 30 novembre 1935).

On trouve dans les discographies portant sur les années 20 un banjoiste de Saint-Louis (Missouri), William Calloway, sans lien réel ou publicitaire avec Cab...

Dans une interview de 1971 à Saint-Louis, le pianiste Eddie JOHNSON affirme avoir travaillé pour Jean Calloway et pour un certain Vance Calloway... La seule mention que je connaisse avec ce prénom !


Les Calloway d'ici et d'ailleurs...

George E. LEE, The Cab Calloway of the Middle WestGeorge E. Lee, le Cab Calloway du Middle West
Nous avons déjà consacré un article à George E. LEE (1896-1958). Il faut dire qu'il a quelques points communs avec Cab. Originaire de Kansas City, il est surtout connu grâce à sa petite sœur, Julia qui chantait en s'accompagnant au piano. C'est l'effet Calloway inversé puisque c'est elle qui fut la vedette de la famille !
Autre point commun, George E. Lee enregistra une version de St James Infirmary qui sortit en octobre 1929, donc au pire moment et ne fut aide d'aucune promotion par Brunswick. En revanche, celle de Cab Calloway (relative calquée sur celle de Lee), enregistrée elle aussi pour Brunswick, parut deux ans plus tard fut lancée en fanfare.


Voici Louie BROWN, "California's Cab Calloway" que l'on pouvait écouter en 1933 à Philadelphie, écouter à la radio ou voir au cinéma (source : Hoffmann). Il était même parfois produit en tant que "plus grand rival de Cab Calloway" ! Apparemment, ce n'est pas lui qui a gagné la bataille... Plus tard, il remplaça Moke du duo comique Moke et Poke quand ce dernier mourut. Le duo s'appela alors Moke and Doke ! Il se retrouva donc même parmi la troupe de Cab Calloway en tournée en 1946, en même temps que le danseur Cholly Atkins (dont l'autobiographie "Class Act" est ma source principale pour les informations concernant Louie Brown) Ayant eu une perspective d'emploi plus attractive, il quitta ponctuellement le show-business pour devenir représentant en spiritueux. Il se produisit encore jusque dans les années 50 au côté de tap dancers de renom, comme Cholly Atkins, Honi Coles, LeRoy Myers...





Bert Printiss, The Cab Calloway of the South
était un chanteur qui accompagna un temps l'obscur orchestre T. Herman CRONE (celui-ci oeuvrait entre 1934 et 1936).










Autre Cab Calloway of the South, T-Bone WALKER qui connut un certain succès dès le début des années 30 après avoir gagné un concours et tourné quelques jours avec l'orchestre de Cab.
Nous en avions déjà parlé dans un article précédent






Sam Wooding, The Cab Calloway of EuropeSam Wooding, The Cab Calloway of Europe
L'un des premiers orchestres noirs à avoir très bien tourné en Europe - et en France notamment, en compagnie de Doc Cheatham, futur trompette chez Cab - vécut longtemps sur ses succès d'Outre-Atlantique à son retour aux USA. Au point que l'on trouve même une affiche présentant Sam Wooding comme le Calloway européen...

Enfin, d'encore un peu plus loin, on trouve en 1934 la trace dans le Washington Post, de Manuel Bofil and his Filipinos dont Tony Avila, annoncé comme le "Cab Calloway des Philippines" !




Hi de Ho, des hauts et des bas...

Tommy Powell's Hi-De-Ho Boys
Composé de Tommy Powell (dance / vocals), James Crosby (bass / vocals), Lefty Bates (guitar /vocals), Bill Williams (guitar / vocals), Walter Jones (guitar / vocals), and Cleo Roberts (guitar /vocals). Le groupe était originaire de l'Alabama et déménagea pour Chicago en 1936, enregistrant pour Decca et apparaissant régulièrement au Club DeLisa de 1937 à 1950.

 

Sandy and his Hi de Ho Revue
(je n'ai trouvé aucun autre renseignement sur cet orchestre. Et vous ?)


Ivan ROLLE, "The Hi de Ho King of the South", contrebassiste et chef d'orchestre originaire de Miami, qui joua notamment avec Jonah Jones (!) et qui apparaît dans le documentaire "Last of the first" (2004).


Mieux que Cab : super Cab !

Tiny Bradshaw, le super Cab Calloway
Avant d'avoir une seconde carrière dans le Rhythm and Blues des années 50, Tiny Bradshaw débuta dans les années 30, notamment comme batteur de le Mills Blue Rhythm Band. En 1934, les 8 titres enregistrés avec son propre orchestre connurent un large succès. Bradshaw passa même à l'Apollo Theatre de Harlem (Cab lui succéda la semaine suivante !).

À cette époque, Tiny Bradshaw calqua son style sur celui de Cab. C’est à cette époque qu’il fut surnommé « The super Cab Calloway ».
Vous pouvez en savoir (beaucoup) plus sur Bradshaw dans l'article que nous lui avons consacré.


Pas trop loin, du côté du Rock, saluons le chanteur Lew Williams surnommé "The Cab Calloway of Rockabilly"... A regarder la vidéo sur ce lien, je ne vois toujours pas le rapport...

N'oublions pas Ina Ray HUTTON qu'on qualifiait parfois de "female Cab Calloway" !

Enfin, saluons celui qui fut non seulement un ami de Cab, mais qui fut aussi surnommé dans la presse "The Caucasian Cab Calloway" : Louis PRIMA (Pittsburgh Post Gazette, 15 janvier 1944).

En juin 1934, un speaker de WTMJ Milwaukee fit sauter le standard de sa radio lorsqu'il annonça que Cal Calloway passait à l'hôtel Shroeder. Ce n'était pas Cab, mais bien Cal, soliste de l'orchestre de Saint-Paul... Un faux vrai authentique en somme !

N'empêche : il fallut plusieurs communiqués de presse de la part des agents de Cab pour préciser qu'il n'y avait aucun lien entre lui et les différents "Calloway" qui sévissaient un peu partout...
Mais lorsqu'on l'interrogeait à ce sujet, Cab semblait dire que cela lui faisait de la publicité, à l'image des cartoons le présentant caricaturé. Entre les dessins animés, les faux Calloway, les imitateurs, les marionnettes à son effigie... il y avait en circulation des dizaines de Cab ! Un seul est vraiment resté dans les mémoires.


Quelques sources et références :
  • The World of Swing, Stanley DANCE
  • Jazz, A History of the New York Scene, Samuel B. Charters
  • Harlem Heyday, Jack Schiffman
  • Class Act, Cholly Atkins
  • The Club 51 Label, Robert Pruter et Robert L. Campbell
  • Journal Baltimore Afro American
*A découvrir naturellement dans "Hi de Ho, The Life of Cab Calloway" d'Alyn SHIPTON à paraître en novembre 2010 en Angleterre.

 

blog comments powered by Disqus