Reviews of The 1934 European tour (part 1: France)

1re partie : Avant l’arrivée de Cab en France, par les journalistes français…

Premier passage de Cab Calloway en Europe, la tournée du Cotton Club du printemps 1934 a été vécue comme un événement sur le vieux continent. Il faut dire que les amateurs de jazz n’avaient pas grand-chose « d’exotique » à se mettre entre les oreilles et sous les yeux à cette époque. Et c’est toujours fascinant de constater que les journalistes encensent ou descendent en flèche certains artistes pour des raisons très souvent peu objectives : « C’est du vrai jazz ! » « Ce n’est pas du vrai jazz ! » Autant de querelles de chapelles inutiles et bien éloignées de la réalité des sensations procurées sur scène (car finalement, il n’y a que cela qui compte). The Hi de Ho Blog a réuni plusieurs articles autour de la venue de Cab Calloway en Europe et va vous livrer quelques-uns des points de vue très constatés sur le bonhomme. Qu’il s’agisse de la Belgique, de la France ou encore de l’Angleterre, Cab Calloway a fait couler beaucoup d’encre (et de fiel aussi).

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Dans le magazine Jazz Tango Dancing

Prédécesseur de la revue Jazz Hot, Jazz Tango Dancing était un splendide magazine grand format au contenu riche et varié (comme son nom l’indique). Ses critiques faisaient déjà la pluie et le beau temps sur la scène jazz française. Hubert Panassié était d’ailleurs l’un des collaborateurs du journal.

Dans le numéro de mars 1934, l’on annonce que « le célèbre orchestre américain Cab Calloway est actuellement à Londres où il remporte un gros succès quoique la critique du ‘Melody Maker’ ne lui soit pas trop favorable. Cela tient, paraît-il à un célèbre leader manager anglais bien connu des Français qui n’a pas pu réussir à le présenter comme cela s’était produit pour un autre célèbre orchestre hot américain. » Il s’agit très certainement de Jack Hylton, à l’origine d’une cabale contre la venue de Cab dans laquelle les syndicats de musiciens britanniques furent entraînés, au point que les orchestres des fosses refusent de jouer pour accompagner Cab. Doc Cheatham a même relevé quelques huées durant les concerts londoniens, en provenance de la fosse… Mais Jazz Tango Dancing va nous donner quelques explications le mois suivant (cf. notre note générale sur la tournée).

Jazz Tango Dancing annonce dans la paragraphe suivant que « Cab Cailloway (sic) doit jouer à Paris, en avril, vers le 20. » De la même manière, les orchestres de Fletcher Henderson et Duke Ellington sont annoncés pour l’été.

Dans le numéro d’avril 1934, la sentence est donnée en toute bonne foi, malgré une défense de Calloway face aux critiques britanniques : « Malgré ce qu’en pense le ‘Melody Maker’, le succès de l’orchestre Cab Calloway en Angleterre a été énorme, même plus grand que celui de Duke Ellington. La critique est émerveillée, et le public accourt pour voir et revoir celui qui est désigné comme l’« inventeur du scat-chant ». Parions qu’en Hollande, Belgique et France, le public fait preuve de meilleur goût et appréciera à sa juste valeur les bouffonneries de Cab Calloway, qui ne sont pas du jazz « hot » – malgré l’affiche : Le roi du jazz ‘hot’ – mais un très agréable passe-temps. »

On y apprend quelques lignes plus loin que Jack Hylton a bel et bien assigné Irving MILLS devant les tribunaux pour cause de rupture de contrat. « On sait qu’Irving Mills avait, par un habile subterfuge, fait engager en Europe l’orchestre de Jack Hylton, l’agence Foster de Londres. »

Dans ce même numéro, l’on reparle de Cab Calloway : « (…) je pense que les amateurs de jazz parisiens auront bientôt le plaisir de l’entendre. Cab est actuellement la plus grande attraction scénique en Amérique. C’est vraiment un plaisir de le voir et de l’entendre chanter ses ‘Hi-de-ho’, art dans lequel il est roi. » Le même journaliste n’hésite pas à s’engager en sa faveur : « Son orchestre est d’une grande valeur ; à mon avis, ce groupement possède un rythme plus solide que tout autre orchestre américain – quand ils se mettent à jouer avec leur swing irrésistible, vous ne pouvez pas rester insensible. (…) Cab Calloway possède une merveilleuse section rythmique et deux trompettes très brillants, Cheathum (sic) et Swayze (re-sic), qui ont tous deux déjà joué à Paris. Cheathum avec l’orchestre de Sam Wooding et Swayze avec le Plantation orchestra. »

Le comble de cet article est cette phrase admirable mâtinée de clichés typiques de l’époque : « Leur musique est très sauvage et fait penser à la jungle avec ses tom-tom sinistres et les danses des indigènes. »

 
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Une page du programme de Pleyel (23-24 avril 1934)
 

Remerciements à MM. Shoukroun, Rousseau, Mathys et Dierckx pour leur aide si précieuse.

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