Walter Purl 'Foots' THOMAS
(10 février 1907 Muskogee, OK - 26 août 1981 Englewood Cliffs, NJ)
Saxophone ténor et baryton, clarinette, flûte et arrangeur
dans l'orchestre de Cab Calloway de 1929 à 1943
Saxophone ténor et baryton, clarinette, flûte et arrangeur
dans l'orchestre de Cab Calloway de 1929 à 1943
Voici le portrait de l’un des plus fidèles compagnons de route de Cab Calloway mais sur lequel on ne sait que trop peu. Et pourtant, Walter Thomas resta avec Cab depuis les Missourians jusqu’après le tournage de Stormy Weather. Géant aux pieds démesurés (d’où son surnom), Walter Thomas avait notamment enregistré avec Fate Marable, Jelly Roll Morton, avant de rencontrer Cab. Durant toute sa période chez Calloway, il fut l’arrangeur attitré de l’orchestre et son conseiller musical mais resta toujours dans l’ombre des grands ténors qui y passèrent comme Ben WEBSTER et Chu BERRY. Et la seconde partie de sa vie après est loin d’être sans intérêt. The Hi de Ho Blog vous en dit plus sur cet inconnu célèbre auquel il n’a jamais été consacré plus de 10 lignes d’affilée…
Une enfance tranquille en Oklahoma
Walter Purl Thomas est né dans un bled de l’Oklahoma, Muskogee, célèbre uniquement pour avoir été cité dans une chanson country « We don’t smoke marijuana in Muskogee » et pour être également la ville natale de Barney KESSEL.
Walter est le frère de Joe Thomas né en 1908 ; pas celui de l’orchestre de Lunceford et encore moins le trompettiste d’Henderson. Selon le dictionnaire de Leonard Feather, Joe Thomas joua avec Roll Morton, Blanche Calloway, avant de devenir dans les années 40 un coach vocal qui dirigea ensuite un nombre incroyable de sessions Rhythm and Blues pour Decca.
Walter passe son enfance à la ferme et fait les travaux typiques : il trait les vaches, prend soin de la basse-cour, est responsable du jardin avec son frère Joey, livre les pains faits par sa mère en fin de semaine et goûte les inventions culinaires de sa sœur Cleora, réclamant souvent son plat préféré : la tarte à la crème de noix de coco... (voir encadré ci-dessous)
Walter est le frère de Joe Thomas né en 1908 ; pas celui de l’orchestre de Lunceford et encore moins le trompettiste d’Henderson. Selon le dictionnaire de Leonard Feather, Joe Thomas joua avec Roll Morton, Blanche Calloway, avant de devenir dans les années 40 un coach vocal qui dirigea ensuite un nombre incroyable de sessions Rhythm and Blues pour Decca.
Walter passe son enfance à la ferme et fait les travaux typiques : il trait les vaches, prend soin de la basse-cour, est responsable du jardin avec son frère Joey, livre les pains faits par sa mère en fin de semaine et goûte les inventions culinaires de sa sœur Cleora, réclamant souvent son plat préféré : la tarte à la crème de noix de coco... (voir encadré ci-dessous)
Sur les bateaux du Mississippi
Walter se mit au saxophone alors qu'il était encore gamin. Et la musique le passionne, tout autant que les mathématiques, fondamentaux pour tout comprendre ! Il explique d'ailleurs qu'il considérait la musique comme une science exacte. En fait, il faillit redoubler à cause des maths, mais ses professeurs le poussèrent à travailler dur et cela lui évita même l'examen de fin de cllège ! C'est au lycée qu'il reçut les premiers rudiments par le leader de son orchestre, Williams Mills Dawson : maîtrise de l'instrument, justesse du ton. Il devait être assez doué puisqu'il jouait tous les bals du lycée et les orchestres locaux le réclamaient : il faut dire qu'il était capable de déchiffrer les arrangements les plus complexes. Les mathématiques semblent être à l'origine de ce don : "J'ai découvert que l'on peut envisager toute la musique par les chiffres (...) et qu'il y avait 96 manières d'écrire une suite de 4 notes, en utilisant les différentes inversions et intervales."
Walter Thomas entama sa carrière de musicien professionnel alors qu’il était encore au lycée technique : il partit à Minot dans le Dakota Nord pour rejoindre la tournée d’un petit orchestre. Il joua ensuite avec des orchestres locaux.
Il prit apparemment des cours avec Merle JOHNSTON (1897-1978) dont l’influence fut grande sur la pédagogie du saxophone qui en d’ailleurs fut le premier professeur à l’université du Michigan. À son tour, au début des années 20, Thomas donnera même une leçon de saxophone au jeune Coleman HAWKINS et, pendant une heure, il demandera à ce dernier de jouer devant un miroir pour préciser sa posture (ils enregistreront ensemble en 1944-45). D’ailleurs, dans un témoignage, Foots Thomas dit que c’est en fait Benny CARTER qui a le plus influencé Coleman Hawkins, estimant que le Hawk ne joua vraiment bien les mélodies qu’à partir du moment où lui et Carter jouèrent ensemble.
Il prit apparemment des cours avec Merle JOHNSTON (1897-1978) dont l’influence fut grande sur la pédagogie du saxophone qui en d’ailleurs fut le premier professeur à l’université du Michigan. À son tour, au début des années 20, Thomas donnera même une leçon de saxophone au jeune Coleman HAWKINS et, pendant une heure, il demandera à ce dernier de jouer devant un miroir pour préciser sa posture (ils enregistreront ensemble en 1944-45). D’ailleurs, dans un témoignage, Foots Thomas dit que c’est en fait Benny CARTER qui a le plus influencé Coleman Hawkins, estimant que le Hawk ne joua vraiment bien les mélodies qu’à partir du moment où lui et Carter jouèrent ensemble.
Walter Thomas (2e en partant de la droite) dans l'orchestre d'Ed ALLEN,
les Whispering Band of Gold, à bord du navire Capitol (1920).
En 1920, Walter Foots Thomas travaille dans l’orchestre d’Ed ALLEN, les Whispering Band of Gold. Avec Norman MASON et Eugene ‘Honey Bear’ SEDRIC, Walter Thomas forme ce qui est reconnu comme la toute première section de saxophones de jazz. Cette approche polyphonique qui fut une véritable innovation dans la musique New Orleans, fit la réputation de l’orchestre. Ce dernier faisait le tour des écoles de la Nouvelle-Orleans, montrant son nouveau « concept. » La compagnie Buescher leur offrit même toute une section de saxophones afin qu’ils introduisent leur idée avec les meilleurs instruments à Saint-Louis.
C’est ainsi qu’en 1924, Walter enregistre avec Fate MARABLE, celui qui jouait sur les bateaux remontant le Mississippi (et qui a d’ailleurs formé nombre de musiciens, parmi lesquels Al Morgan). Là, Walter Thomas fut l’un des premiers saxophonistes, avec Joe Garland et Adrian Rollini à exécuter des solos.
Walter Foots Thomas in 1929 with Jelly Roll MORTON and his orchestra, Camden,NJ (1929)
Départ pour New York...
Walter Thomas part en 1925 à New York où il enregistre dans le Andy PREER’s Cotton Club Orchestra pour Columbia. En 1928, il rejoint l’orchestre de Ferdinand Jelly ROLL MORTON et les Levee Serenaders. Ses qualités d'excellent déchiffreur ne furent pas étrangères à son recrutement (il fut même le chauffeur du bus de l'orchestre !). Il enregistrera à nouveau avec Roll Morton en 1929 et 1930 pour le compte de la maison Victor. Walter Thomas considère d'ailleurs que Roll Morton fut un de ses plus grands influenceurs, comme le style dixieland. Après avoir œuvré en compagnie des orchestres de Luis RUSSELL et Joe STEELE (au côté d'Harry Carney), il entre dans l’orchestre des Missourians où il remplace George W. SCOTT. On notera d’ailleurs que lors de leur dernière session en 1930, les Missourians enregistrèrent un titre composé par Walter Thomas, Prohibition Blues, qui n’est pas sans rappeler la future fameuse Minnie The Moocher. Une Minnie The Moocher qu’arrangera d’ailleurs Foots Thomas, mais nous y reviendrons la prochaine fois...
Un goût certain pour la cuisine !
Durant les tournées, les gars de l’orchestre de Cab s’étaient arrangés pour se faire leur propre tambouille ; il faut dire que ce qu’ils trouvaient sur leur chemin n’était pas souvent go
ûteux ! Alors, MiltHinton, Lammar Wright, Tyree Glenn et Foots Thomas se mirent à cuisiner à tour de rôle lorsqu’il n’y avait pas de restaurant alentour ou que la salle disposait d’une cuisine. Ils s’achetèrent un réchaud électrique suffisamment sophistiqué pour qu’un menuisier leur construise un coffre spécial pour le transporter. Les quatre compères cuisinaient à tour de rôle mais leur cuisine fut de plus en plus appréciée au point que la plupart des musiciens de l’orchestre les rejoignirent !
Il faut dire quela cuisine était dans les gènes de la famille Thomas depuis au moins 2 générations. En effet, à Muskogee OK puis à Tulsa, les Thomas tenaient une de ces cantines réservées aux Noirs dont les Etats-Unis ont le secret. Installé dans une belle demeure, ledit restaurant de Tulsa était réputé pour la qualité de ses plats. Au poi
nt d’en devenir un livre de recettes édité par la sœur de Walter, Cleora Butler.
Chaque année, l’orchestre de Cab passait en tournée à Tulsa et, naturellement s’arrêtait prendre ses repas dans la maison de Cleora. Il faut dire qu’en plus, lorsqu’il partait en tournée, Walter emmenait sa femme avec lui et laissait son fils et sa fille à Tulsa. Walter, de son côté ne cessait de vanter les qualités culinaires de sa mère. Qu’à cela ne tienne : elle vint faire la cuisine pour toute la troupe et fit de Cab un de ses plus fervents supporters !
Dans la seconde partie sur Walter Foots Thomas,
nous verrons comment il a passé une douzaine d'années
dans l'orchestre de Cab à tout faire, sauf être sur le devant de la scène !
NDLR : les références complètes et remerciements
seront indiqués dans la dernière partie.
nous verrons comment il a passé une douzaine d'années
dans l'orchestre de Cab à tout faire, sauf être sur le devant de la scène !
NDLR : les références complètes et remerciements
seront indiqués dans la dernière partie.
