“Stormy Weather”: Thanks, pal! and other anecdotes

"Thanks, Pal!" était le titre de travail de Stormy Weather. Il faisait référence à tous les mots de remerciements émanant d'autres vedettes et que lit Bill Robinson durant tout le film. Arthur Knight estime dans son passionnant (mais complexe) ouvrage que dire ainsi merci à un Noir américain, à travers Bill Robinson, était une gageure eut égard à l'opinion générale de l'époque. Mais nous aborderons les aspects raciaux du film une prochaine fois.

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Ted Koehler, auteur de la chanson Stormy Weather fut également co-scénariste du film (un bien piètre scénariste, d’ailleurs) en compagnie de Frederick J. Jackson, sur une histoire de Seymour B. Robinson adaptée par H.S. Kraft.

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  • Bill ROBINSON, a reçu un salaire de 4 000 $ par semaine de tournage.
  • Lena HORNE, sous contrat avec la Fox, ne percevait que 200 $ par semaine (tournage ou pas).

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Cab et Joe Louis à Détroit.

Lena, le beau-coeur et le boxeur
Joe LOUIS, fameux boxeur noir de cette époque, ami de Cab Calloway et véritable coqueluche parmi le gent féminine, séjournait en Californie au tout début 1943. Il en profita pour avoir une nouvelle fois une aventure avec Lena Horne. Cette dernière était particulièrement dans l'ambiance de la chanson-titre du film, qui résumait bien sa situation de l'époque ; elle était en effet au milieu de son divorce quand Good for Nothing Joe retombait dans ses bras ! A ce moment, Joe Louis pensait sérieusement quitter sa femme Marva pour Lena Horne (ce qui ne 'empêchait pas de coucher avec Lana Turner et d'autres beautés hollywoodiennes tandis qu'il courtisait Lena Horne) ; cependant, il continuait d'entretenir une relation par téléphone avec sa femme restée sur la côte Est. C'est pourtant Lena Horne qui quitta Joe Louis, suite à une dispute violente où, giflée, elle menaça d'appeler la police. Malgré les excuses de Joe Louis, Lena ne revint jamais sur sa décision. C'est d'ailleurs sans doute pour ces raisons que la belle Lena se mit à pleurer pour de vrai lorsqu'elle dut interpréter Stormy Weather à l'écran. Sur cette anecdote relativement connue, Andrew Stone, le réalisateur du film, n'était pas satisfait des prises précédentes et demanda à Cab Calloway d'aller parler à sa protégée. Il parait qu'il lui dit deux ou trois choses qui la troublèrent au point de la faire pleurer à chaudes larmes...


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Méthode d'éclairage express.

Leon SHAMROY était de directeur de la photographie sur Stormy Weather. Très célèbre et adulé pour ses qualités artistiques (il est même l'un des rares à avoir son étoile à sur le Walf of Fame à Hollywood, et il a même remporté 4 Oscars), il avait pourtant un sacré tempérament. Guerre oblige, son salaire avait été revu à la baisse (la Fox étant toujours prompte à trouver les bonnes excuses dans ces cas-là), on le soupçonnait de passer plus de temps en dehors des studios qu'à travailler sur les plateaux. Le réalisateur Andrew STONE était agacé par Shamroy qui demandait une journée de travail pour éclairer un plateau. En réalité, Shamroy s'asseyait au soleil et lisait son journal, jusqu'à ce que son assistant vienne lui taper sur l'épaule. Il se radinait alors, désignant quelques projecteurs, sans dire un mot. Son assistant acquiesçait et Shamroy retournait lire. Et la scène se répètait ainsi plusieurs fois. Et Andrew Stone d'ajouter : "Tout se faisait dans le plus grand silence, pour renforcer l'effet dramatique. Un vrai cinéma !" Lorsqu'il eut besoin de tourner un samedi, Shamroy lui fit part de son irritation : il risquait de manquer son avion et ainsi le match de  football de Stanford qu'il comptait aller voir. "Ecoute, lui dit Stone. Tu ne vas pas me lefaire, je sais comment ça se passe. Personne ne sera là aujourd'hui samedi. Je ne dirai rien à personne ; alors pourquoi est-ce que tu ne ferais pas les lumières en 10 minutes, comme ça tu prendrais ton avion illico ?" Et Stone de conclure : "Un quart d'heure après, la scène avait été éclairées et tournée. Et Shamroy en route pour son match !" Il faut dire que Shamroy résume toute sa philosophie en une phrase:  "Dieu était un grand directeur photo. Il n'avait qu'une seule lampe."


 
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Jaloux, jalouse.
 
Jaloux du succès de la performance des Nicholas Brothers, Bill Robinson aimait dire qu'il leur avait donné des leçons, ce que démentit Fayard Nicholas : « Il nous a juste donné quelques trucs de routine pour les soft-shoes, mais pas plus. Comme ça, quand on se croise à concerts il nous annonce 'Mes petits gars sont là, les Nicholas Brothers", et nous allons faire un numéro ensemble.' Nous n"avons jamais eu de leçons. »

A propos des Nicholas Brothers, leur intervention dans le film ne serait pas due à un trou dans leur emploi du temps comme je l'ai déjà expliqué, mais bel au bien au fait que la Fox craignait qu'ils soient incorporés dans l'armée. Finalement, et malgré sa spectaculaire performance, Harold fut décrété trop petit pour être engagé. En revanche, Fayard fut incoroporé et finit dans les cuisines de Fort Huachuca en Arizona !

De son côté, la chanteuse Ethel Waters (créatrice de la chanson Stormy Weather en 1933) vouait une haine farouche envers Lena Horne à cause du succès qu’elle remporta avec son interprétation dans le film et qui effaça la sienne. Mais la belle Ethel n’en était pas à une rivale près : elle avait pour habitude de sa fâcher avec beaucoup de ses consœurs, parmi lesquelles on comptait également Joséphine Baker !

Malcom X reconnaît dans son autobiographie avoir beaucoup aimé les numéros de danse de Stormy Weather. Il faut dire que c'était à l'époque où lui-même portait des zoot-suits.

Fayard Nicholas raconte que lors de la sortie du film à Hollywood, le projectionniste dut plus d'une fois faire face à l'enthousiasme des spectateurs... et rembobiner la dernière séquence pour la montrer encore et encore !

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Publicité datée du 30 juillet 1943, quelques jours après la sortie du film :
"Vite, Mr. Skouras - Envoyez-nous un autre manager !"