Chapitre 2 :
MAMA, AND PAPA JACK
De l’enfance à l’adolescence
Deuxième chapitre sur son enfance, Mama, and Papa Jack, est une description intime et touchante de l’enfance de Cab à Baltimore. Sa mère et son second mari l’élevèrent avec amour, voyant pour lui un avenir d’homme de loi. Cela passait naturellement par la case « bon étudiant ». Cab les déçut sur ces deux points avec une constance particulière. La déception de sa mère perdura jusqu’à sa réussite dans le show-business. Il faut dire qu’elle en avait déjà vu de belles avec la sœur aînée de Cab, Blanche. Elle avait quitté la maisonnée à quinze ans pour New York et Philadelphie, se jetant à corps perdu (et avec succès) dans le monde du spectacle.
Une mère, et un nouveau père à adopter
Martha Eulalie Reed était donc la mère de Cab ; elle était enseignante dans les écoles publiques de Baltimore. Chaque dimanche, elle jouait de l’orgue à l’église. À la mort de son premier mari, Martha alla s’installer dans la maison de sa mère avec ses quatre enfants, Blanche, Cab, Elmer* et Bernice. Ils en firent voir de toutes les couleurs à John Nelson Fortune, nouveau compagnon de la maman. Comme souvent à cette époque, il avait deux jobs : dans un grand magasin et comme chauffeur de maître pour une famille de Blancs. Une fois marié, papa Jack prit un peu plus d’assurance dans l’éducation des enfants. Pourtant, une certaine complicité finit par s’établir entre Cab et Jack. En 1916 ou 17, papa Jack ouvrit une épicerie dans laquelle les deux se retrouvaient souvent pour parler. Jack réussit dans les affaires surtout grâce à au gin de contrefaçon qu’il revendait, en pleine Prohibition.
Blanche, Cab et Elmer
Martha et Jack eurent ensemble deux autres enfants. Ce qui obligea le père à prendre encore un nouveau travail. Il se lança dans les assurances en 1919. Premier courtier noir, il eut bien du mal à trouver sa place dans l’officine blanche de Baltimore. Mais son efficacité lui permit de s’imposer « naturellement. »
Avec deux parents occupés par de multiples emplois, les enfants étaient laissés à eux-mêmes. Cab mit ce temps à profit pour… sécher les cours et devenir un « gars de la rue. » Jack et Martha envoyèrent alors Cab dans un internat à Downington en Pennsylvanie, tenu par le frère de sa grand-mère. Dans ce centre de redressement pour durs à cuire, l’emploi du temps s’organisait avec deux jours de cours et le reste à cultiver la ferme. L’eau comme la nourriture s’y méritaient et finalement cela ne fit qu’endurcir plus encore notre Cab ! Après une année, Cab retourna à Baltimore avec le projet d’étudier. Évidemment, il quitta l’internat sans prévenir ! Nous sommes au printemps 1922. Durant six mois, Cab se remit à fréquenter sa bande de délinquants, jusqu’à ce que les parents déménagent pour un quartier résidentiel de Baltimore, Wilson Park. Finalement, Cab connut quelques succès scolaires, partageant son temps libre entre la rue et les petits boulots (dans les bus ou les restaurants).
Basket, batterie, chant... comment choisir ?
À l’été 1924, toute la famille retourna dans le centre de Baltimore et Cab fit sa rentrée au lycée. Il apprécia beaucoup cette période. L’un des progrès les plus éblouissants de Cab fut le sport, au point de songer à devenir professionnel, dans le basket-ball. C’était l’occasion de gagner beaucoup d’argent…
Cab se mit à la batterie et au chant avec un petit groupe d’amis. Ce fut la révélation. Celle qu’il pouvait être payé – et bien payé – en amusant le public.
Cumulant les fonctions et les magouilles, Cab réussissait tout de même à se faire 35$ par semaine ; ce qui lui permit de s’acheter à crédit sa première voiture. Bien entendu, il ne put faire face aux remboursements et son Oldsmobile 1923 lui fut reprise. Il en tira une devise : « Ne vas pas plus loin que là où ton portefeuille peut aller ! »
Jack et Martha se séparèrent finalement en 1926, et Cab et son beau-père ne se parlèrent plus pendant de longues années. Au moment où Cab écrivit ses mémoires, plus de cinquante plus tard, les deux hommes restaient pourtant très liés. La mère de Cab mourut en 1943.
Ce chapitre donne notamment l’occasion de lire un Cab vraiment intime, se livrant, avouant que finalement, peu de personnes le connaissent vraiment, préférant souvent la solitude à la pléthore de copains et de connaissances qui l’entourent habituellement.
*C’est la seule fois ou presque que Cab mentionne Elmer et sœur, Bernice (née en 1905) dans son autobiographie. Elmer a connu lui aussi une carrière dans le show-business (d'ailleurs, pour tout - ou presque - savoir sur lui, reportez-vous à la note que nous lui avons consacrée). Mais de tout cela, Cab n’en fait mention nulle part.
Dans le prochain chapitre, A New Kind Of Hustle,
nous aborderons les premières scènes et les premières amours de Cab...