Cab Calloway: singer, drummer and even saxophonist!

Voici un des aspects peu connus de Cab Calloway. En effet, s’il est un chanteur reconnu, peu d’entre vous savent qu’il débuta sa carrière en étant un batteur-chanteur. Mais il jouait également du saxophone, en tout cas, jusqu’à ce que Chu Berry le lui interdise…

Cab Calloway by Van Vechten

Batteur et chanteur à la fois

Comme Cab le précise dans son autobiographie, ses débuts de chanteur se firent sous l’influence des musiciens de Baltimore. L’un d’entre eux était Chick WEBB, un des grands drummers que plus d’un considèrent à l’origine du swing. Cab l’observa de nombreuses soirées dans les années vingt, avant qu’il soit une figure nationale. Alors qu’il n’avait que 17 ans, Cab cumulait les études, le basket à niveau quasi-professionnel et naturellement le chant dans les clubs de Baltimore. Cela lui permettait de gagner suffisamment d’argent pour mener la belle vie et en mettre de côté pour sa famille.

 

Chick WEBB et son ami Cab CALLOWAY

Cab et Chick WEBB réunis à nouveau en 1936

 

En fait, la partie de la carrière de Cab en tant que chanteur et batteur releva du concours de circonstances. Alors qu’il discutait avec des amis (sans doute quelques petits caïds locaux), un type se joignit à eux et annonça qu’il avait un petit orchestre de quatre musiciens. Le problème était que leur batteur avait des ennuis et qu’il devait être remplacé rapidement. Cab s’avança et annonça qu’il pouvait le faire. Evidemment, il n’avait jamais joué de batterie et sa seule expérience dans le domaine était son observation du jeu de Chick Webb. Le type et Cab allèrent louer un set sur Howard Street (on se croirait un peu dans les Blues Brothers, non ?) et ils rejoignirent la répétition. Cab joua alors les rythmes tels qu’il les avait entendus. Le soir suivant eut lieu la seconde répétition. Ils enchaînèrent directement sur leur premier spectacle.  Comme l’avoue Cab, il n’était pas un batteur formidable (on s’en serait douté…) mais il dit alors : « Ne vous inquiétez pas pour la batterie. Je me lèverai pour chanter, comme ça le public ne se rendra compte de rien ! »

Pour un coup d’essai, ce fut un coup d’éclat : ils restèrent là deux mois, puis s’installèrent dans un autre club de Baltimore. Là encore, Cab eut un coup de génie à sa manière en proposant de diriger le groupe, de manière à rentrer plus d’argent. Lui-même petit caïd local, Cab avait quelques relations qui lui permirent d’obtenir des dates de concerts dans Baltimore. C’était l’occasion pour ce groupe sans nom de pratiquer du Dixieland et du jazz que l’on commençait à appeler « hot ».

Ce fut surtout le moment qui décida Cab à passer le reste de son existence dans le show-business.


Orchestre Johnny JONES and his Arabian Tent avec Cab Calloway
L’orchestre de Johnny JONES and his Arabian Tent
(Cab serait au saxophone, derrière la batterie)

 

Cab quitta son groupe pour rejoindre la vedette locale, Johnny JONES et son Arabian Tent Orchestra qui jouait dans le club éponyme. La particularité du pianiste Johnny Jones était d’avoir six doigts à chaque main, ce qui – vous l’imaginez certainement – devait donner un certain cachet à ses solos… Dans cet orchestre de dix musiciens, Cab tint le pupitre du batteur pendant plusieurs mois, écumant les boîtes de Baltimore.

Cab Calloway on drums

Ensuite, on ne le revit plus jamais à la batterie (sauf sur la photo ci-dessus datant du tout début des années 30)… Pourtant, un autre batteur, Tommy BENFORD, interrogé dans le cadre des Fantômes de Harlem déclare le trouver nul (VERIFIER PAGE 103 de Ghosts of Harlem). Il faut dire que se sont succédé quelques belles baguettes dans son orchestre : Leroy Maxey, Cozy Cole, Panama Francis…

 

Saxophoniste ? Pas question !

C’est grâce à sa première femme, Betty, que Cab prit des leçons de saxophone à Chicago en 1929 avec les frères Brown. A cette époque, il était chanteur au Sunset Café et commençait à se faire une bonne réputation locale, notamment parce qu’il était le M.C. du club le plus
branché de Chicago, mais aussi parce qu’il était à la tête de l’orchestre-maison, les Alabamians.


Chu Berry en action, devant le pupitre à l'effigie de Cab (ca 1940).

Durant sa carrière, Cab a apparemment joué du saxophone lors des représentations. Je n’en connais personnellement aucune captation. Toujours est-il que Cab en parle dans son autobiographie, disant que de temps à autre il s’offrait le luxe d’un solo, même s’il était conscient de ne pas être un vrai saxophoniste. Les musiciens devaient sans doute jouer le jeu (comme c’était le patron, il avait le droit !), en tout cas jusqu’à l’arrivée de Chu BERRY dans l’orchestre en 1937. En effet, arrivant tout droit de l’orchestre de Fletcher Henderson, Leon Chu Berry, qui devait remplacer Ben Webster parti chez Duke Ellington, imposa sa condition : « Aussi longtemps que je serai dans ton orchestre, ne joue plus jamais de ce foutu saxophone ! » Et l’on n’entendit donc plus jamais Cab pratiquer l’anche en secouant ses hanches.

 

Swing Era, Peterson. Cab Calloway au piano

Au fait, voici un nouvel instrument entre les mains de Cab… Que faisait-il donc au piano ce soir-là ? Pour en savoir plus (et savoir aussi ce que faisait Duke à la guitare), lisez donc la note sur le splendide ouvrage de photographies de Charles PETERSON.

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