Durant de nombreuses années, elle recueillit les réponses à une seule et unique question posée à des centaines de musiciens : « Si on t’accordait trois vœux qui devaient se réaliser sur-le-champ, que souhaiterais-tu ? »
Les réponses sont agrémentées de nombreuses photos, polaroïd pour la plupart, saisissant des moments rares de musiciens dans l’intimité de Cathouse. Ils sont des témoignages émouvants de la vie privée, loin de la scène de tous ces jazzmen.
Naturellement, plusieurs réponses identiques démontrent la même angoisse des musiciens noirs de cette époque : que leur art soit reconnu, que la ségrégation cesse, qu’ils aient suffisamment d’argent pour rendre leurs proches heureux… mais aussi qu’il maîtrisent leur instrument, qu’ils puissent ouvrir un club de jazz et passer la musique qu’ils aiment, etc.
Parmi les répondants, on retrouvera quelques-uns des musiciens ayant joué aux pupitres de l’orchestre de Cab Calloway :
James Charles HEARD (batterie) :
Leonard Quentin ‘Butter’ JACKSON (trombone) :
Illinois JACQUET (saxophone ténor) :
Ben WEBSTER (saxophone ténor) :
Lamar (sic) WRIGHT (trompette) :
- Ne plus jamais devoir m’inquiéter du prochain cachet.
- Avoir assez d’argent pour être sûr que les membres de ma famille vivront à l’aise jusqu’à la fin de leurs jours.
- Qu’on se souvienne toujours de moi pour ce que j’aurai apporté au jazz… comme on se souvient de Bird aujourd’hui…
Leonard Quentin ‘Butter’ JACKSON (trombone) :
- Paix, bonheur et satisfaction.
- Jouer de la musique, sous une forme ou une autre, aussi longtemps que je vivrai.
- Que tous les gens du monde apprennent à vivre en paix les uns avec les autres, pour qu’il n’y ait plus que de l’amour sur cette planète.
Illinois JACQUET (saxophone ténor) :
- Que les gens deviennent civilisés.
- Que le monde entier croie en Dieu.
- Que tout le monde aime la musique.
Ben WEBSTER (saxophone ténor) :
- Là tout de suite, je voudrais composer une ou deux mélodies.
Lamar (sic) WRIGHT (trompette) :
- Maîtriser parfaitement mon instrument
- Être satisfait de ma vie.
- Que la musique devienne vraiment un langage musical.
Les musiciens de jazz et leurs trois vœux, Pannonica de KOENIGWARTER, éditions Buchet-Chastel (2006) – 35 euros.