BENNY PAYNE: the friendly pianist (part 2)

Dans cette seconde note consacrée à Benny Payne, le pianiste de Cab Calloway de 1931 à 1943, nous allons découvrir comment il a réagi à son retour de l'armée et comment il a poursuivi sa carrière de pianiste.
Nous parlerons également de sa femme, Ethel MOSES, qui a connu une splendide carrière de chorus girl au Cotton Club...


Benny PAYNE et Cab CALLOWAY

La guerre, ça vous transforme un pianiste...
 

Appelé sous les drapeaux fin 1943, Benny Payne quitte l’orchestre pour jouer dans ceux de l’armée en tant que simple soldat ("private"). Après 9 mois dans l'armée, il rejoint le Boca Raton Army Air Field, loin du front mais pour remonter le moral des troupes à l'entraînement. La revue de l'armée Transmitter signale même qu'il remportait tous les succès avec son boogie-woogie lors des spectacles pour les militaires. D’ailleurs, lors des tournées ou des concerts de Cab pour les soldats, ils auront plusieurs fois l’occasion de se retrouver. C’est Dave RIVERA qui le remplaça, assurant une belle continuité dans l’orchestre, jusqu’à son retour au printemps 1946. Benny Payne ne restera pourtant que quelques mois. D’après Cab, l’armée l’avait métamorphosé, tout comme l’orchestre avait lui aussi changé en quelques années. Sans parler du jazz et du monde des big bands en général !

Apparemment perturbé, Cab envoya même son ami Benny chez un psychiatre de Philadelphie. Les deux amis finirent par se fâcher pour une question de salaire et Benny quitta définitivement « son » orchestre en octobre 1946. Et comme deux vraies têtes de mules, Benny et Cab boudèrent de nombreuses années avant de redevenir copains comme cochons !

 
 

Il y a une vie après Cab !

Benny redevint un pianiste accompagnateur, d’abord avec Pearl BAILEY avec laquelle il grava plusieurs morceaux. Benny eut ensuite son propre trio.


Benny Payne et Billy Daniels
Billy Daniels accompagné par Benny Payne
 
 

À partir de 1950, Benny travailla plus que régulièrement avec Billy DANIELS, dont il devint l’accompagnateur et le directeur musical. Ils passèrent plusieurs années ensemble, allant de shows télévisés en cabarets, avec même un film de Richard Quine, Cruisin’ Down The River (1953).
 

Benny PAYNE LP, Kapp, 1951

Un seul album à son nom.

 

Ce fin pianiste n’eut pourtant qu’une seule fois l’occasion d’enregistrer sous son propre nom, dans Benny Payne Plays Piano And Sings (Kapp, 1955). On y apprécie le chant à la manière de Fats et le toucher de piano entre Waller et Basie. Pour l’accompagner, Benny choisit Mundell Lowe (g), Trigger Alpert (b), Phil Flatbush (ts), Don Lamond (drums), Rusty Dedrick (tp), Joe Wilder (tp) et… Jonah JONES (tp), son vieux complice des années Cab.

C'est également en 1955 que Benny Payne et son épouse quittent Harlem pour s'installer à Los Angeles dans un "ranch" d'une valeur de $20 000... coquette somme pour l'époque.

 
 
 
 

En 1964, il remonte sur scène à Broadway en compagnie de Billy Daniels et de Sammy Davis Junior dans Golden Boy (oct. 64 à mars 66, soit 568 représentations). Peu de temps après, Benny Payne se retira du monde du show-business et s’installa définitivement à Los Angeles où il mourut le 2 septembre 1986.

 

 
 
 

Ethel MOSES, épouse de Benny PAYNE et Lady With The FanEthel MOSES, sa femme et sa 'Lady With the Fan'…
La femme de Benny Payne s'appelait Ethel MOSES et était une des plus fameuses et jolies chorus girls du Cotton Club. Originaire de Philadelphie, comme Benny, elle quitta sa pieuse famille pour New York, afin de tenter l’aventure du show-business avec sa sœur, Lucia. Elles furent rapidement remarquées et devinrent danseuses d’abord au Plantation Club de Harlem, avant de rejoindre le Cotton Club. Une rivalité s’installa entre les deux sœurs, puisque chaque fois que l’on « votait » pour désigner la plus belle chorus girl, Ethel devançait toujours sa sœur ! Son « innocence sexy » fut un des éléments forts de son succès (même si, comme tout le monde, en 1936, elle voulait devenir « une vraie actrice » !).

On croise d’ailleurs de nombreuses fois Ethel Moses sur la route de Cab. C’est d’ailleurs elle que l’on voit très très bien dans le film Hi de Ho de 1934, sur la chanson The Lady With The Fan, dont vous pouvez regarder le clip en cliquant sur la photo ci-contre. On la voit également dans le court-métrage Cab Calloway’s Jitterbug Party.

 
 
 
Elle accompagna certainement l’orchestre du Cotton Club dans sa première tournée en Europe en 1934.
 
Ethel Moses devint l’égérie du cinéaste Oscar Micheaux qui la choisit de nombre de ses films à partir de 1936 et jusqu’en 1939. On l’appelait alors la « Jean Harlow noire » ! Sa carrière s’arrêta en 1940 et elle resta dans le New Jersey jusqu’à sa mort.
 
 

À noter tout de même, cette anecdote qui veut que le morceau de Duke Ellington, Boudoir Benny, ait été nommé ainsi pour honorer les multiples prouesses sexuelles de M. Payne...

 
 

Pour prolonger cette note :

 
  • Dernière séance avec Cab en mai 1946
  • Sur Benny Payne et Billy Daniels et écouter les deux compères.
  • Benny Payne fut interviewé en juillet 1953 par NME (New Music Express). Si vous en connaissez le propos…
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