“Stormy Weather”, the song (1933)

Voici un des grands standards du jazz, que beaucoup considèrent d’ailleurs comme un blues (même s’il n’en a pas la structure). Co-écrit en 1933 par le duo de choc Ted Koehler (paroles) et Harold Arlen (musique), il donna 10 ans plus tard son titre au film éponyme d’Andrew L. Stone.

La  petite histoire veut que ce tube ait été écrit en 30 minutes en janvier 1933. Arlen et Joehler était alors en train d’écrire la prochaine revue du Cotton Club (la numéro 22, créée en avril 1933). Cab Calloway avait été annoncé comme faisant partie du programme.
En fait, anecdote amusante surtout si l’on écrit dans ces colonnes – c’est qu’Arlen pensait destiner cette chanson à Cab, comptant sur ses ressorts dramatiques pour faire résonner les fameuses premières paroles : « Don’t know why… ».

Ils écrivèrent donc cette chanson après avoir trouvé les 3 premières notes au cours d’une soirée chez des amis le long de l’Hudson River. Ils passèrent le week-end à jouer et rejouer la mélodie, la peaufinant note après note, ajustant les paroles. Quelques jours plus tard, on la répétait au Cotton Club.
Devant les réactions des danseurs et des personnes présentes, Arlen et Koehler prirent conscience du petit bijou qu’ils venaient de créer. Quelques jours plus tard Harold Arlen en personne chanta sur l’enregistrement effectué par Leo Reisman et son orchestre. Ce disque eut tellement de succès en très peu de temps que cela entraîna une véritable rumeur en faveur de la prochaine revue du Cotton Club.


Pas de chance pour Cab...


Pas de chance pour Cab, le management du Cotton Club décida à ce moment-là de signer Duke Ellington sa place pour la prochaine revue. On proposa alors la chanson à Ethel WATERS qui était au creux de la vague depuis le début de la grande Dépression. Elle fut désignée comme la vedette chantante à la tête d’une revue avec 50 autres artistes et 18 danseuses. Le 16 avril, soir de la première, tout New York était là : Sophie Tucker, Ethel Merman, Milton Berle, Johnny Weissmuller et Irving Berlin. C’est d’ailleurs ce soir-là qu’il remarqua Ethel Waters et décida qu’elle serait la vedette de sa prochaine comédie musicale (As Thousand Cheer, créée en septembre 1933). Irving Mills, veillant toujours au grain, devint l’agent d’Ethel Waters.
La revue du Cotton Club eut tellement de succès que dès le 26 mai 1933, il fallut doubler les représentations pendant deux semaines au Capitol Theatre dans Manhattan.

 


 

Des versions comme s'il en pleuvait !

La chanson fut enregistrée par un grand nombre d’artistes, à commencer par Ethel Waters avec Duke Ellington, Guy Lombardo et Ted Lewis. Evidemment, on n’oubliera pas de mentionner la splendide version interprétée par Lena Horne dans le film de 1943 (vous pouvez d’ailleurs la voir et l’écouter ci-dessus).
Cab, à qui la chanson avait bel et bien échappé, ne la mit à son répertoire que plusieurs années après. On l’entend en effet pour la première fois en 1946 (si je ne me trompe pas) et il la chanta jusqu’à sa dernière tournée en 1994.

 

blog comments powered by Disqus