“I Guess I’ll Get The Papers And Go Home” by Doc CHEATHAM (part 1)

 

Voici un livre touchant et sincère, à l’image de son auteur, Doc Cheatham (1906-1997), lead trompette dans l’orchestre de Cab de 1931 à 1939. Une fois encore, nous devons à Alyn SHIPTON d’avoir aidé Doc à mettre en ordre ses souvenirs. D’ailleurs, l’un des plaisirs de Doc Cheatham est d’avoir vu ses mémoires éditées de son vivant. Remarquable par bien des détails et le regard humble et honnête qu’il pose sur son existence, I Guess I’ll Get The Papers And Go Home possède un long chapitre passionnant entièrement dévolu à la période avec Cab CALLOWAY que nous aborderons dans la deuxième note consacrée à ce livre.
En attendant, voici comment Doc Cheatham fit ses premières armes…


« Tu seras pharmacien, mon neveu ! »
 
Né à Nashville, Aldophus Cheatham vit une enfance calme, entouré par une famille aimante avec un père coiffeur qui travaillait sans cesse. Cheatham se déclare « habitué » à la ségrégation, mais dit qu’à Nashville, il n’a jamais connu de problème grave. Il joue du cornet dans un orchestre d’enfants, ne pratiquant qu’à l’oreille. Jouant à différents endroits, il attrape le goût de la scène. Pourtant, ses parents voulaient qu’il soit pharmacien, mais se rendirent à son avis. Il travailla de-ci de-là, notamment au Bijou Theatre à Louisville, Kentucky. A Atlantic City, il se mit à apprendre à lire la musique. Son oncle qui vint assister au spectacle à Saint-Louis le tira de la fosse d’orchestre et le mit dans un train pour Nashville : « Tu seras pharmacien, mon neveu ! »
Mais dès l’arrivée, Adolphus repartit en tournée jusqu’à Chicago où il resta plusieurs mois dans la dèche la plus totale. Plusieurs membres de l’orchestre partageaient une maison et le peu d’argent que chacun pouvait gagner. Il maigrit alors beaucoup et acquit la frêle silhouette qui ne la quitta plus. Il y reçut l’appui de Louis ARMSTRONG qui le fit jouer au Dreamland dans l’orchestre d’Albert WYNN. Il y joua notamment du saxophone soprano.
Il profite de chacun de ses séjours pour aller écouter les autres : Freddie KEPPARD, Jimmy NOONE, Bunny BERIGAN, Cuban BENNETT. Mais, comme tous les autres musiciens, tous instruments confondus, il est largement influencé par Louis Armstrong. Ce dernier lui demande même de la remplacer lors d’un engagement au Vendome Theatre. Tout le monde se leva en hurlant, croyant qu’il s’agissait de Louis. Les applaudissements cessèrent aussitôt.
Il part ensuite pour Philadelphie. Il y rencontre Wilbur DE PARIS fin 1926 et rejoint les Cotton Pickers aux côtés de son frère Sidney de Paris. Cheatham y souffre de la radinerie maladive de Wilbur.


La première tournée en Europe avec Sam WOODING
 
Doc part alors pour New York rejoindre l’orchestre de Lou HENRY pendant un mois puis ceux de Chick WEBB, Bobby LEE et enfin Sam WOODING. Il part alors en tournée pour l’Europe pendant un an. Berlin, l’Allemagne, la Roumanie, la Turquie, la Tchécoslovaquie, la Hollande, la France, l’Espagne et la Belgique. Leur spectacle s’intitule les Chocolate Kiddies.

Malheureusement, les danseuses furent renvoyées rapidement. Il enregistre à Barcelone, mais il faisait si chaud que la cire fondait en même temps !
De sa tournée – qui fut l’un des premiers spectacles noirs américains à tourner en Europe – Doc Cheatham précise qu’il a préféré son séjour à Paris, appréciant le fait qu’il n’y avait pas souffert du racisme.



A son retour, il est engagé dans l’orchestre des McKINNEY’s Cotton Pickers, en même temps que le saxophoniste Benny CARTER. Il y croise également le tromboniste Quentin JACKSON qu’il retrouvera quelques années plus tard chez Cab Calloway. De son séjour d’un an dans l’orchestre, il garde le souvenir d’une section rythmique hors pair (Cuban AUSTIN à la batterie, Billy TAYLOR à la contrebasse, Dave WILBORN à la guitare), considérant qu’ailleurs les musiciens sont tous des solistes.
Au moment où les Cotton Pickers se réorganisent, Cheatham reçoit un télégramme de Cab…


Suite dans une prochaine note…


D'ici là, vous pouvez écouter des titres enregistrés par l'orchestre de Sam Wooding pour vous faire une idée, en vous rendant sur le site Red Hot Jazz.
Pour l'orchestre des McKinney's Cotton Pickers, c'est ici.

 

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