Billy STRAYHORN and “The Jumpin’Jive”

Billy Strayhorn (1915-1967)

Celui qui fut l’alter ego du grand Duke (co-composant et co-arrangeant de nombreux standards de l’orchestre et du jazz en général tels que Take The ‘A’ Train) doit (un peu) de sa carrière au morceau de Cab, The Jumpin’Jive.

Il faut dire que Billy Strayhorn (1915-1967) avait déjà en quelque sorte croisé la route de Cab en 1933 lorsqu’il avait accompagné au piano un spectacle de fin d’année de son lycée qui parodiait Cab Calloway.

C’est en fait quelques années plus tard, en 1939, alors que Billy avait déjà mis un pied dans l’univers de Duke que Billy vit ses responsabilités d’arrangeur élargies grâce à son travail sur Jumpin’Jive. Lors d'un engagement à Boston au Ritz-Roof, Ivie Anderson, chanteuse du moment dans l’orchestre d’Ellington, voulut chanter le tube de Cab. Duke accepta l’idée mais assigna à Strayhorn l’arrangement de la chanson pour l’orchestre. Ce que fit Strayhorn très rapidement, copiant lui-même les partitions de chaque instrumentiste (à cette époque, cette fonction revenait plutôt au tromboniste Juan Tizol qui, jouant de son âge et de son antériorité dans l’orchestre, laissa le jeune Billy se débrouiller comme un grand).
Au moment de la répétition, Strayhorn était si inquiet qu’il partit se cacher. Richard B. Jones vint le chercher par le pantalon et le força à écouter son travail. Tout se déroula pourtant très bien et l'orchestre joua The Jumpin'Jive durant tout son engagement à Boston.
Le morceau fut même inscrit au répertoire de l'orchestre pendant un moment. Par exemple, le 28 septembre 1939 à Détroit, le boxeur noir Joe Louis rejoignit l'orchestre sur scène à la suite d'une victoire et entonna The Jumpin' Jive, pour le plaisir inédit des spectateurs.

On n’a malheureusement pas de trace enregistrée de The Jumpin' Jive par Duke Ellington, même si la partition originale existe, démontrant déjà toutes les qualités du son bien rond et chaleureux que Strayhorn allait donner à l’orchestre d’Ellington pendant les quelque 20 années de collaboration.

De ce jour-là, Strayhorn se vit confier les arrangements pour les chanteurs et son talent a fait le reste…
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