Alyn SHIPTON, Cab’s first biographer, answers our questions

 
Vous n'avez pas encore lu la première biographie de Cab CALLOWAY ? C’est normal : elle ne paraîtra que fin 2007 pour le centenaire du roi du Hi-de-Ho ! En ce moment, Alyn SHIPTON est justement en train d’en terminer la rédaction (fin des travaux prévue en août !) et nous a accordé une interview exclusive pour The Hi de Ho Blog. Rencontre avec un historien du jazz, anglais et francophile, doublé d’un contrebassiste distingué.

Alyn SHIPTON est l’auteur déjà remarqué de nombreux ouvrages qui font référence auprès des jazzmen délicats :
  • Sa « New History of Jazz », parue en 2004, est un exemple de clarté et d’exhaustivité.
  • Sa biographie de Fats Waller permet une relecture de l’œuvre de mon pianiste préféré
  • Sans oublier George Shearing, Buddy Bolden, Bud Powell et d’autres.
Plus proches de l’univers de Calloway, ses livres sur les musiciens qui ont notamment travaillé avec Cab sont d’un intérêt évident pour tous ceux qui aiment connaître la grande histoire par ceux qui l’ont faite :
Vous vous en doutez, chacun de ces ouvrages fera l’objet d’une prochaine note dans ces colonnes.
C’est encore Alyn SHIPTON qui a écrit et produit la série documentaire Hep To The Jive consacrée à Cab Calloway et diffuse sur la BBC Radio 2 en février et mars 2005.

The Hi de Ho Blog : Après trois ouvrages sur des musiciens de Calloway, cela vous semblait logique d’écrire un livre sur lui ?
Alyn SHIPTON : Oui. Tout le temps où j’ai travaillé sur Danny Barker, Doc Cheatham ou Dizzy Gillespie, j’accumulais des informations sur Cab. Il devenait de plus en plus évident que tout cela prendrait un jour la forme d’un livre.

THDHB : Y a-t-il dans votre approche une manière délibérée de remettre Cab sous le feu des projecteurs et de le faire apprécier des critiques plus qu’il ne l’a été ? Charles Delaunay par exemple, a toujours considéré comme un simple gouailleur qui empêchait de voir l’orchestre derrière lui.
AS : Absolument. Je voulais que les critiques le voient d’un œil nouveau. Gunther Schuller est très admiratif du travail de Cab dans son livre Swing Era. Je ressentais le besoin d’en dire plus. Je pense que le moment est également venu de reconsidérer l’importance et la carrière d’autres chefs d’orchestres, tels que Baron Lee et Lucky Millinder.

THDHB : Quel a été votre angle d’attaque pour votre livre ? Quelle distance avez-vous mise entre votre livre et l’autobiographie de Cab parue en 1976* ?
AS : Je pense qu’il y a toujours de l’espace pour une biographie basée sur des faits et une autobiographie. Par exemple, mon livre sur Dizzy contredisait certains des faits exposés dans To Be Or Not To Bop. De la même manière, l’ouvrage de Ian Carr sur Miles est une vue tout à fait différente de celle qu’on a dans l’autobiographie de Miles Davis. Donc, mon postulat est le suivant :
  1. Cab était un extraordinaire bandleader à succès et ses orchestres méritent d’être considérés au niveau de ceux d’Ellington, Basie, dans le top ten des l’entertainment noir des années 1930 et 1940.
  2. C’était un fantastique homme de scène qui a fait découvrir la musique et le spectacle jazz à un très  large public.
  3. Il a besoin d’être à nouveau apprécié pour ses qualités de chanteur. Bien des racines du rock et de la soul, le principe de l’appel-réponse comme la prise de conscience, du scat à l’expression parfaite de mots complexes… tout cela constitue une des clés du chant jazz tel qu’on le connaît.


THDHB : Est-ce une biographie « autorisée » ? Est-ce que la famille Calloway vous a aidé ?
AS : J’ai eu l’aide CB Christopher Calloway Brooks (NDLR : son petit-fils qui a son propre orchestre) et de Camay Calloway Murphy (NDLR : une de ses filles), mais ça n’est pas une biographie « autorisée ».

THDHB : Qu’y a-t-il dans les archives Calloway, déposées à la bibliothèque de Boston ? Constituaient-elles la principale source de votre travail ou bien avez-vous collecté des informations auprès d’autres musiciens ?
AS : J’ai effectivement passé beaucoup de temps dans les archives Calloway : carnets, entretiens avec Bryant Rollins pour l’autobiographie et toutes les partitions de l’orchestre. Mais j’ai également interviewé beaucoup d’autres musiciens. La plupart d’entre eux ont été entendus dans mes programmes radio : Jonah Jones, Milt Hinton, Danny Barker, illinois Jacquet, Eddie Barefield, Doc Cheatham ainsi qu’une génération de musiciens plus récents parmi lesquels Stanton Davis, Danny Holgate et celui qui fut son agent pendant longtemps, Stan Scotland.

THDHB : En dehors de votre biographie sur Cab, pensez-vous qu’il y aura des événements précis pour célébrer son centenaire en 2007 ? Dans ces moments-là, les maisons de disque retrouvent toujours opportunément des « trésors cachés »…
AS : Oui, je pense que la famille Calloway préparer quelque chose. Je suspecte même que des enregistrements inédits verront le jour.

THDHB : Quelle période préférez-vous dans la carrière de Cab ?
AS : Les années trente.

THDHB : Quelle est votre chanson préférée de Cab ?
AS : Il y en a tellement ! Mais j’ai une certaine tendresse pour The Scat Song et Reefer Man.

THDHB : Collectionnez-vous des objets, disques de Calloway ?
AS : Dans une certaine mesure, mais j’ai une importante collection de matériel de toutes les époques du jazz et je dois sans cesse me limiter !

THDHB : D’après vous, quelle est la raison du renouveau de l’intérêt pour Cab ces dernières années ?
AS : C’est une véritable icône de la music afro-américaine et je pense que les gens commencent à le regarder comme ils le font pour Ray Charles et James Brown. Et le film Blues Brothers a certainement été un accélérateur.

THDHB : Quel est votre sentiment à propos de cab maintenant que vous êtes à la fin de votre travail sur lui ?
AS : J’aime son œuvre encore plus qu’au commencement !


The Hi De Ho Man, d'Alyn SHIPTON, Oxford University Press, New York, probalement septembre 2007.

 


Corrections a posteriori : le livre est paru en octobre 2010...


Interview traduite de l’anglais, même si Alyn Shipton, qui vit une partie de l’année en France, parle très bien le français.


*Of Minnie The Moocher and Me, Cab Calloway et Bryant Rollins, 1976.

 

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