"Les Zazous" (2/2)

Reprenons le cours du livre et de l’histoire des zazous. Après avoir vu comment ils avaient grandit et prospéré, voici aujourd'hui comment s'est déroulée la chute des zazous.

Dès juin 1941, les zazous sont la cible de la presse collaborationniste qui les ridiculise. Selon elle, le zazou « représente le repoussoir idéal » et elle a vite fait de le définir comme « prototype du mauvais esprit » !

Et, alors que la politique de restriction impose en mai 1942 la taille et la forme du « costume national », les zazous eux continuent de parader avec leurs vestes trop longues et leurs pantalons bouffants ! Pire : les zazous font même des blagues du plus mauvais goût, avec un soin particulier pour Pétain, « connétable du déclin » !

De cette jeunesse effrénée (beaucoup de bourgeois, étudiants mais aussi simples prolos), on dressera quand même le portrait de zazous méprisant pour tout et tout le monde : l’irrespect est partout, surtout pour la passivité !

En juin 1942 sort le film (l’un des pires techniquement parlant de la seconde guerre mondiale d’après les spécialistes) « Mademoiselle Swing » de Richard Pottier avec Irène de Trébert. Certains y verront un éloge des zazous, d’autres une charge.

Zazou et JPF

A partir de juillet 1942, on voit dans les zazous des gaullistes déguisés et une campagne anti-zazous instrumentée par les JPF (Jeunesses Populaires Françaises) voit le jour : « Rasez le zazou ! » Pour citer Loiseau : « L’obsession du zazou est telle chez les collaborateurs parisiens qu’ils en voient swinguer partout » (p. 178).

La répression antijuive augmente terriblement à la même époque. Une ridicule interdiction de danser est même décrétée. Qu’à cela ne tienne : les salles de danse clandestines fleurissent partout.

Mais avec la création du Service de Travail Obligatoire (STO) en février 1943, et les graphitis « Les zazous au stalag », les zazous vont se faire de plus en plus discrets. Et disparaître de la circulation aussi vite qu’ils sont apparus deux ans tôt. Avec les témoignages de Johnny Hess et de Jean-Louis Bory, « Les zazous » montre avec une grande sensibilité ce phénomène d’exaltation et de réaction. Une réaction de survie ?

Et aujourd’hui, y a-t-il encore un zazou dans la salle ?

 
On regrettera dans cet ouvrage le peu d’information pour Charles Trénet qui fut pourtant « zazou d’honneur » et auteur de « La poule zazou ». Pourtant, Loiseau nous prend à témoin lors d’une émouvante rencontre avec Johnny Hess (l’alter ego de Charles Trenet) qui fut l’auteur de « Ils sont zazous ».

Cab lui-même n’est d’ailleurs abordé que peu de fois par Loiseau. Mais ce livre a une grande valeur : il nous fait découvrir une partie quasiment inconnue de l’histoire culturelle des Français et de leurs rapports avec le jazz.

 

Les Zazous, de Jean-Claude Loiseau
Editions GRASSET, collection Sagittaire, 1977.

 De multiples compilations « zazous » de plus ou moins bonne qualité sont disponibles sur le marché du CD. De nombreux soldeurs les proposent à vil prix.

Enfin, ultime conseil, on évitera naturellement de confondre cet ouvrage avec le lamentable spectacle de Jérôme Savary portant le même titre.