Joe JACKSON’s “Jumpin’ Jive” (1981)

Autant vous l’avouer tout de suite, c’est bel et bien Joe JACKSON et son album « Jumpin’ Jive » qui m’ont fait découvrir l’univers de Cab Calloway. Mais en dehors de ces aspects personnels qui n’intéressent que moi, l’album de Joe JACKSON fit l’effet d’une véritable bourrasque sur les platines lorsqu’il sortit en juin 1981.
Alors qu’il venait de sortir d’albums très rock (Look Sharp!, 1979 et Beat Crazy, 1980), Joe Jackson surprend tout le monde avec un album de reprises des années 30 et 40. Pour autant, Jackson se refuse à faire un disque pour les amateurs de jazz, trop puristes et méprisant pour ceux qui osent mettre les pieds sur leur territoire !
L’album ne bénéficiait pas de passages à la radio ; aussi les fans de Joe Jackson achetèrent son disque sans avoir pu l’écouter avant : désappointement de ceux qui croyaient pouvoir écouter le rock pointu de l’album précédent. La critique – qui n’aime jamais être surprise – lamina le disque, pour aujourd’hui le considérer comme l’un de ses meilleurs.

En fait, au début de l’année 1981, Joe Jackson s’est retrouvé chez lui pendant deux mois. Il écoute alors des vieux disques de jazz et se met à considérer de plus en plus sérieusement à en enregistrer à sa manière. C’est chose faite dans les studios londoniens de Basing Street avec 6 autres musiciens particulièrement doués. Joe Jackson y joue du vibraphone et chante avec sa gouaille idéale pour entonner ces « chansons plutôt chantées dans des tripots qu’à Carnegie Hall ! »

Les chansons de/ou chantées par Cab Calloway reprises dans cet album* :
  • We, The Cats (Shall Help Ya) (Cab Calloway/Jack Palmer)
  • San Francisco Fan (M. More)
  • Jumpin’ Jive (Calloway/Froeba/Palmer)

Du scat, du jive, du nons-sens, une énergie unique… bref, la quintessence du swing tel que l’entendait Cab Calloway. Cet album mérite bien son titre !  Entré dans le Top 50 aux USA, il est classé numéro 14 en Angleterre. On a rarement entendu dans ces années-là des trompettes sonner aussi bien et un jive être aussi percutant. En fait, le punk-rocker Jackson mettait à jour les racines du Rock !

A noter, l’expérience jazz de Joe Jackson se poursuivit jusque dans un double album hommage à Thelonious Monk, avec une splendide version de « ’Round Midnight » (A&M SP-17285).

On peut considérer l’album « Jumpin’ Jive » à l’origine du retour du « rétro-swing » des années 90 : alors que les années 80 s’étiolaient dans l’électro binaire et désolé, la folie douce et swingante de ces 12 morceaux de bravoure fut un véritable sursaut musical (en France, on se souviendra de Jacques Higelin et de son Hold Tight de Fats Waller chanté à la même époque). Le renouveau de Cab avait tout de même commencé grâce au film Blues Brothers (John Landis, 1980) avec son cortège de stars du jazz et du rhythm’ n’ blues et son numéro final sur « Minnie The Moocher ». Mais nous en reparlerons ailleurs.

Derrière Joe Jackson, on retrouvera quelques années après les Chevallier Brothers, Royal Crown Revue, Big Bad Voodoo Daddy, et bien d’autres.

 


Personnel :
Joe Jackson : chant et vibraphone (+ arrangements)
Nick Weldon : piano
Graham Maby : contrebasse
Larry Tolfree : batterie
Raul Oliviera : trompette
Pete Thomas : alto sax
Dave Bitelli : tenor sax et clarinette
Choeurs : tout l'orchestre

Enregistré en mai 1981 à Londres, studio Basing Street.


*Un CD pirate a capté un concert de Joe Jackson le 8 juillet 1981 à New York au légendaire Savoy Ballroom. Cet album de 17 titres reprend la plupart des chansons de « Jumpin’ Jive » auxquelles il faut ajouter une superbe version de « Minnie The Moocher » (3’30).


 

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