Boris VIAN aime le roi des Zazous

"Les chroniques de jazz" de Boris Vian furent longtemps le livre de chevet des amateurs français lorsqu'il n'y avait pas grand' chose à se mettre sous les yeux. L'arrivée d'Internet et la multiplication des supports nous les a fait un peu trop oubliées. Et pourtant, quelle verve ! Quelle assurance dans le goût ! Quelle finesse de jugement ! Bon, je m'emporte, mais il faut dire que depuis toujours Boris Vian adorait Cab Calloway. Peut-être l'a-t-il vu en concert Salle Pleyel en 1932, lors de sa première tournée européenne. Toujours est-il que Vian admire Cab au point de prendre sa défense de temps à autre; On regrettera simplement qu'il n'ait pas écrit un article complet sur celui qu'il appelait "Monsieur le Chat".

Extraits de ses chroniques (piochés dans mon vieux 10/18, édition de 1971) :
  • "[...] le jour n'est pas loin où l'Opéra engagera Cab Calloway dans la fosse. Est-ce un bien ou un mal ?" - in Combat, octobre 1948 (p. 90)
  • "Dans Melody Maker du 11 octobre, une interview de Cab Calloway par Max Jones. Qui écrira un article sur les disques de Cab, dont un gran nombre mériteraient (sic) les dithyrambes, souvent, et pour quelles étranges raisons, adressés à d'autres, mais passons." - Novembre 1952 (p. 175)

VIAN autres écrits sur le Jazz.jpg

Dans le recueil "Autres écrits sur le jazz" publié par Christian Bourgois en 1994 (actuellement disponible uniquement chez les bons bouquinistes et autres soldeurs), on retrouvera des centaines d'articles et commentaires sur les jazzmen de l'époque.
Dans une dyatribe contre Al Jolson et Fred Astaire et leurs manières de blancs singeant les noirs, il les compare à Cab Calloway : "Regardez-les [...] et dites-moi de quel côté - du noir ou du blanc - il y a de la tenue. Oh, ça va, e direz-vous. Il y a aussi Cab Calloway dans Sotrmy Weahter. Et lui, alors ? Lui ? mais il est parfait. Il a sa propre peau sur la figure, et pas du cirage - c'est sa voix à lui qu'on entend. Et au moins, il l'aime pour de bon, le jazz. Tandis que l'autre imbécile, avec son habit noir et sa trompette muette... Un singe, je vous dis... (Jazz-Hot, n°17 - novembre 1947).

A noter : Henri SALVADOR, grand copain et complice de Boris Vian enregistra en  1948 un hommage au jazz et à ses vedettes, intitulé : "Armstrong, Ellington, Calloway". Vian n'en est malheureusement pas l'auteur (il s'agit de MM. Misraki et Hornez), mais les amateurs apprécieront quand même !
blog comments powered by Disqus